Novembre, c’est le mois de l’année où j’aime voyager, me sauver de la grisaille automnale. Cette fois, la destination qui m’attend est Madeira, une île du Portugal située dans l’océan Atlantique, à 980 km de Lisbonne et 600 km du Maroc. Je suis allée y rejoindre mon ami Sascha, un allemand rencontré à mon dernier voyage de vélo à Finale Ligure en Italie. Avec cinq autres de ses amis allemands, nous sommes restés dans une maison du village de Jardim do Mar. Jérémy, un français habitant maintenant à Madeira, de Bikulture, s’est occupé de toute la logistique : transport de l’aéroport, location de la maison, guide en vélo, shuttles.
Pour ce qui est de trouver un vol direct pour Madeira, on oublie le projet! Trois vols à prendre en passant par New York et Londres pour une durée de 18 heures. À ma dernière escale, je n’avais qu’une heure pour effectuer mon transfert. J’ai réussi à prendre mon dernier avion, mais mon vélo et mes bagages n’ont pu en faire autant. J’ai donc fait ma première journée de vélo avec un vélo de location trop grand, ainsi que des vêtements et des souliers prêtés.
Les paysages de Madeira sont époustouflants : vue sur la mer d’un côté, falaises abruptes avec ses cultures en terrasse de l’autre. Le vélo de montagne ne peut se faire qu’à partir de 700 mètres d’altitude, le dénivelé avant ce niveau étant trop important. Le point culminant de l’île se situe à environ 1800 mètres d’altitude. Nous commençons donc souvent une descente dans les nuages, avec du vent et un peu de pluie, pour terminer au soleil et au chaud.
Certains secteurs ont été dévastés par les feux de forêts cet été, donnant un paysage étrange avec une végétation brûlée noire avec des fougères d’un vert éclatant au sol. Dans une même journée, nous avons roulé dans des paysages verdoyants, des boisés de pins, une jungle humide avec d’immenses fougères et d’autres paysages plus désertiques avec des cactus. Les « trails » sont également diversifiées, principalement en « singletracks ». Sentiers naturels, avec roches et racines, sentiers abruptes et rapides et terres, certaines sections avec des drops et des jumps construits. Le vélo d’enduro double suspension est requis. Aussi, il n’y a aucune indication pour les sentiers, cartes ou applications disponibles et les montées entre les descentes sont souvent d’une heure ou plus. L’idéal est de faire affaire avec une compagnie comme Bikulture qui fournit un guide et les shuttles pour découvrir toutes les trails de l’île, mais aussi les meilleurs restaurants!Sandokan Enduro, un enduro de cinq étapes, avec des transferts de 45 minutes à 2 h de montée. Une vraie épreuve d’endurance où il faut gérer son énergie pour réaliser les meilleurs temps sur des parcours de descentes exigeants. Pour ajouter à la difficulté, nous avons eu toute la journée des conditions exécrables : pluie, vent et parcours glissants transformés par la boue. Je suis très satisfaite de mon résultats avec une deuxième place, entre la championne portugaise de 2016 et celle de 2015. Mon premier podium à l’international et la satisfaction de pouvoir se comparer à des coureuses européennes.
Globalement, j’ai adoré mon voyage à Madeira. Des paysages exceptionnels, des trails qui comblent mon besoin d’adrénaline, l’ambiance des îles où le rythme semble toujours plus relax! La nourriture… hummm! Le bœuf, la pieuvre, les calmars, le thon, les pregos, immenses sandwichs avec un steak à l’intérieur, les tartelettes, les espressos, le vin portugais. Sans oublier, l’alcool local, la poncha, un mélange de rhum local, d’oranges et de citrons fraîchement pressés et de miel, qui agrémente la fin de chacune de nos journées de riding et certaines soirées qui s’étirent sans qu’on ne voit les heures passer. Bref, j’y retournerais demain matin!
CRÉDIT PHOTOS: SASCHA BAM-BERG
TEXTE: AUDRÉE VAILLANCOURT